Entreprise individuelle, EURL ou SASU : quelle forme juridique choisir en 2025 ?
Démarrer seul(e) son activité professionnelle en 2025 implique de choisir un statut juridique adapté à son activité et à ses objectifs. Trois formes se distinguent alors :
l’Entreprise Individuelle (EI), qui n’est pas une société ;
la SASU (SAS à associé unique) ;
l’EURL (SARL à associé unique), toutes deux étant des formes sociétaires.
Dans cet article, nous faisons le point sur leurs différences juridiques, fiscales et sociales pour vous aider à faire le bon choix.
Vous hésitez entre plusieurs formes juridiques pour lancer votre activité ?
Prenez rendez-vous pour une analyse sur mesure en fonction de votre situation.
-
C’est la forme juridique la plus simple, qui ne requiert pas la création d’une société. Vous exercez en nom propre. Elle a été profondément réformée en 2022, avec désormais une séparation automatique du patrimoine personnel et professionnel, sauf cas de fraude.
Avantages :
- Formalités très simples (pas de statuts, pas de capital) ;
- Gestion allégée ;
- Fiscalité souple (IR ou option IS) ;
- Idéale pour débuter seul sans contrainte administrative.Inconvénients :
- Moins de crédibilité auprès des partenaires ou banques ;
- Responsabilité personnelle engagée en cas de faute ;
- Pas d’associé possible.Fiscalité :
i) Régime micro (micro-BIC ou micro-BNC)- Plafond de chiffre d’affaires :
188 700 € (BIC) ou 77 700 € (BNC) en 2025.- Cotisations sociales :
Taux unique de 22% (quelque soit le chiffre d’affaires encaissé).- Imposition (deux options) :
1) Imposition classique (IR via le barème progressif)
Abattement forfaitaire automatique de 50 % du CA pour les prestations de services BIC et 34 % pour les BNC (avec un minimum de 305 €).
Puis, imposition à l’IR sur le revenu net après abattement, selon le barème progressif (tranches à 0 %, 11 %, 30 %, etc.).2) Prélèvement libératoire de l’IR
Si le revenu fiscal de référence est inférieur à 27 478 € (en N-2) uniquement.
Paiement d’un forfait d’impôt de 1,7 % (en plus des 22 % de charges sociales).
Soit un total de 23,7 % du chiffre d’affaires (charges + impôt).Avantage : ultra-simplifié, pas de comptabilité réelle.
Limite : pas de déduction des charges réelles ni d’amortissement.
ii) Le régime réel (normal ou simplifié)
- Bénéfice calculé en déduisant les charges, amortissements et frais.
- Idéal pour les activités avec charges significatives, notamment en immobilier meublé, conseil ou artisanat.
Vous êtes imposé à l’impôt sur le revenu (IR), dans la catégorie des BIC ou BNC selon votre activité.
iii) L’option à l’impôt sur les sociétés (IS)
Depuis mai 2022, les EI peuvent opter pour l’IS, comme une société.
Fiscalement, vous êtes traité comme une EURL/SARL.
Cela permet de bénéficier d’une imposition à 15 % (taux réduit) jusqu’à 42 500 € de bénéfice (taux normal, soit 25 % au-delà). De la même façon que pour une SASU, la rémunération est déductible du résultat.
Attention : ce choix est irrévocable et transforme fiscalement l’EI en société.
-
La SASU est une société par actions à associé unique. Elle est prisée notamment par les professions libérales, les consultants ou les investisseurs pour sa flexibilité juridique, sa protection sociale de type salarié et son image professionnelle forte.
Avantages :
Statuts très souples (organisation libre) ;
Bonne protection sociale (régime assimilé salarié) ;Moins de charges si aucun salaire versé ;
Idéale pour les activités de conseil, tech ou investissement.
Inconvénients :
Formalités propres à la forme sociétaire (rédaction des statuts, constitution du capital social, dépôt des comptes au greffe…) ;
Le dirigeant est un travailleur non salarié (TNS), affilié à la sécurité sociale des indépendants ;
Plus complexe à créer et gérer que l’EI,
IS obligatoire (sauf option temporaire pour l’IR),
Moins adaptée aux faibles revenus récurrents.
Fiscalité :
Par défaut, la SASU est soumise à l’IS : 15 % (taux réduit, applicable sous conditions) jusqu’à 42 500 € de bénéfices, puis 25 % (taux normal) ;
Le dirigeant (président) peut soit :
Se verser une rémunération (déductible du résultat) ;
Laisser les bénéfices en réserve ou en dividendes.
i) La distribution des dividendes
- est soumise uniquement à la flat tax (30 %).
- ne supportent pas les cotisations sociales, même si les dividendes dépassent 10 % du capital (avantage par rapport à l’EURL).
ii) La rémunération du président
- engendre une assimilation salarié, qui a pour conséquences l’assujettissement à l’URSSAF et l’absence de droit au chômage. Pour autant, la protection sociale est meilleure que celle d’un travailleur non salarié.
Le cas particulier de la SASU à l’IR :
Option possible pendant 5 ans maximum sous conditions.
Peu utilisée, sauf cas particulier de déficit pouvant être reporté personnellement. -
L’EURL est une SARL avec un seul associé. Elle crée une personne morale distincte de l’entrepreneur. La responsabilité est limitée aux apports, et elle permet une évolution vers une SARL à plusieurs associés.
Avantages :
Cadre juridique clair et protecteur ;
Choix du régime fiscal (IR ou IS) ;
Possibilité de rémunération ou de distribution de dividendes ;
Bonne image auprès des tiers ;
Inconvénients :
Formalités propres à la forme sociétaire (rédaction des statuts, constitution du capital social, dépôt des comptes au greffe…) ;
Le dirigeant est un travailleur non salarié (TNS), affilié à la sécurité sociale des indépendants ;
Moins flexible que la SASU pour les statuts et la gestion.
Fiscalité :
i) EURL à l’IR :
Bénéficie de la transparence fiscale : le résultat est directement intégré à votre revenu global (BIC ou BNC).
Pas de possibilité de lisser la fiscalité par versement ou non de dividendes.
Imposition au barème progressif de l’IR en sus des prélèvements sociaux (17,2 %).
ii) EURL à l’IS :
A nouveau, la société profite du taux réduit (15 %) jusqu’à 42 500 € de bénéfices sous conditions , et s’acquitte du taux normal (25%) au-delà.
En tant que gérant majoritaire, la rémunération est déductible du bénéfice imposable. Cependant, la rémunération est soumise aux cotisations sociales (SSI – environ 45 %).
Les dividendes distribués sont imposés à la flat tax (30 %) ; attention, contrairement à la SASU, les dividendes distribués peuvent être soumis partiellement aux cotisations sociales si la distrubution excède 10 % du capital + le solde du compte courant.
L’EURL permet, dans une certaine mesure, une optimisation en panachant rémunération et dividendes, mais avec une gestion plus rigide que la SASU.
-
Unicité de l’associé ou de l’entrepreneur
L’entreprise est constituée et dirigée par une seule personne. Cela permet un contrôle intégral sur les décisions stratégiques, juridiques et financières.
Attention : dans les sociétés unipersonnelles (EURL et SASU), il est toutefois possible d’accueillir d’autres associés à tout moment, facilitant une future évolution vers une structure pluripersonnelle.
Imposition sur le revenu par défaut (sauf SASU)
L’entreprise individuelle relève par défaut de l’impôt sur le revenu (IR), dans la catégorie des BIC ou BNC (option à l’IS possible).
L’EURL dont l’associé unique est une personne physique relève également de l’IR par défaut (option à l’IS possible).
La SASU, en revanche, est soumise de plein droit à l’impôt sur les sociétés (IS), mais peut opter temporairement pour l’IR (option possible pendant 5 exercices sous conditions).
Choix du régime de TVA identique
Franchise en base de TVA (TVA non facturée et non récupérable), sous conditions de seuils de chiffre d’affaires.
Régime réel simplifié de TVA.
Régime réel normal de TVA.
Séparation des patrimoines
Depuis la réforme du 14 février 2022, l’entreprise individuelle bénéficie automatiquement d’une séparation patrimoniale entre les biens personnels de l’entrepreneur et ceux utilisés pour l’activité professionnelle.Cette séparation était déjà en place pour l’EURL et la SASU grâce à leur personnalité morale. Désormais, la protection du patrimoine personnel est un point commun essentiel entre les trois statuts.
Déduction des charges réelles
Dès lors que l’entrepreneur opte pour un régime réel (et non le régime micro), il est possible de :
déduire les charges réelles : frais professionnels, amortissements, loyers, achats, sous-traitance, cotisations sociales, etc.
optimiser le résultat fiscal en maîtrisant les coûts.
Cumul avec d’autres revenus
Dans tous les cas, l’activité peut être exercée en parallèle d’un emploi salarié, d’une retraite ou d’une allocation chômage, dans le respect des règles propres à chaque situation :
Une activité à temps partiel est possible.
Le cumul avec l’ARE ou l’ARCE est autorisé.
Le statut de retraité ou fonctionnaire impose parfois des plafonds ou autorisations.
Tenue d’une comptabilité (hors micro-entreprise)
Une comptabilité complète est requise en régime réel : tenue de journaux, de comptes annuels (bilan, compte de résultat, annexes), conservation des pièces justificatives.
Cette obligation est identique pour les entreprises soumises à l’IS ou à l’IR avec déduction des charges réelles.
La micro-entreprise fait exception en permettant une comptabilité ultra simplifiée, mais elle s’applique uniquement à certaines EI (et dans de rares cas, à des EURL sous IR).
Possibilité d’opter pour un régime social adapté
Le statut social du dirigeant diffère selon la forme (TNS ou assimilé salarié), mais dans tous les cas, il est obligatoire d’être affilié à un régime de protection sociale, et les charges sociales sont dues, qu’il y ait ou non rémunération (sauf pour la SASU sans rémunération).
-
Le choix entre Entreprise Individuelle (EI), EURL et SASU doit être fondé sur une analyse fine des besoins réels du porteur de projet. Chacune de ces structures répond à des objectifs et des contraintes spécifiques en matière de fiscalité, protection sociale, souplesse de gestion et perspectives de développement.
1. L’EI reste le cadre le plus simple et le plus rapide à mettre en œuvre.
Elle est particulièrement adaptée aux activités libérales ou artisanales démarrant avec peu de charges fixes et une faible complexité administrative. La réforme de 2022 a par ailleurs renforcé sa sécurité en distinguant patrimoine personnel et professionnel. Elle peut être exploitée au micro-régime pour une fiscalité ultra-simplifiée, ou au régime réel, voire à l’impôt sur les sociétés, si une structuration plus aboutie est souhaitée.
2. La SASU se distingue par sa grande souplesse juridique et sa valorisation externe.
Elle convient aux projets portés vers le développement, l’image de marque, ou les levées de fonds à moyen terme. Le régime social d’assimilé salarié permet d’accéder à une meilleure protection sociale (hors assurance chômage), au prix de cotisations plus élevées. La fiscalité à l’IS et la possibilité de se rémunérer exclusivement en dividendes peuvent être stratégiques, à condition de bien anticiper les charges sociales et fiscales associées.
3. L’EURL constitue un bon compromis pour les indépendants recherchant un cadre plus protecteur.
Elle permet de structurer son activité dans une véritable société (avec personnalité morale), tout en bénéficiant d’une gestion autonome. L’imposition à l’IR reste avantageuse dans certains cas (faible bénéfice, crédit d’impôt), mais le passage à l’IS est souvent recommandé pour optimiser la rémunération nette. La gestion reste encadrée, avec une comptabilité complète, mais les formalités sont limitées pour un associé unique.
Comment faire le bon choix ?
Plus que jamais, le statut juridique doit être aligné avec votre stratégie personnelle et professionnelle. Parmi les critères à prendre en compte :
Le niveau de revenu souhaité ;
Le niveau de charges (et leur déductibilité) ;
Les droits à la retraite ou à la protection sociale à conserver ;
La volonté d’intégrer un associé ou d’attirer des investisseurs ;
La nature de votre activité (commerciale, libérale, patrimoniale…).
Une mauvaise structuration peut entraîner une fiscalité pénalisante, une protection sociale insuffisante ou une rigidité dans la gestion.
Envisagez-vous de créer ou de restructurer votre activité ?
Nous vous proposons un accompagnement personnalisé, permettant d’étudier votre situation, de comparer les régimes applicables et de choisir la forme la plus performante fiscalement, socialement et juridiquement.Prenez rendez-vous pour un diagnostic gratuit ou contactez-moi par email à jeremie.graille@gmail.com.