Le déroulement d’une transaction immobilière dans l’ancien
La vente d’un bien immobilier ancien est encadrée par un formalisme strict. Chaque étape, de l’offre à la signature de l’acte authentique, implique des obligations documentaires et juridiques précises. Cet article présente de manière structurée l’ensemble du processus, les documents indispensables, et les vérifications essentielles à mener avant toute acquisition.
Vous avez un projet d’achat ou de vente dans l’ancien ?
Échangeons sur les étapes clés et les points de vigilance pour sécuriser votre transaction.
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Les transactions dans l’ancien sont régies par le Code civil (articles 1582 et suivants) ainsi que par le Code de la construction et de l’habitation. Elles impliquent l’obligation d’information, la garantie contre les vices cachés, et le respect des règles de publicité foncière.
Le recours à des professionnels (agent immobilier et notaire) permet de sécuriser l’opération. L’agent immobilier doit être titulaire de la carte professionnelle dite "carte T", conformément à la loi Hoguet du 2 janvier 1970.
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i) Étapes préliminaires
Avant toute commercialisation, le vendeur doit :Réaliser l’ensemble des diagnostics obligatoires ;
Réunir les documents de copropriété ;
Obtenir un titre de propriété à jour ;
Signer un mandat de vente (simple ou exclusif) s’il passe par un agent immobilier ;
Déposer une déclaration d’intention d’aliéner (DIA) auprès de la mairie si le bien est situé en zone de préemption (voir publication “Droit de préemption”).
L’acquéreur doit de son côté :
Étudier sa capacité d’endettement (auprès de sa banque ou d’un courtier) ;
Solliciter une simulation bancaire ou un accord de principe afin de rassurer le vendeur sur sa capacité à contracter ;
Vérifier les documents et diagnostics fournis ;
S’assurer que le bien correspond à ses critères techniques, juridiques et financiers.
ii) L’offre d’achat
L’offre est le plus souvent rédigée par l’acquéreur (mais peut aussi émaner du vendeur). Elle précise le prix proposé, l’adresse du bien, l’identité des parties, sa durée de validité et les conditions suspensives. L’offre engage l’acquéreur jusqu’à son expiration. Une contre-proposition annule l’offre initiale.
L’offre est plus engageante que ce qu’elle ne le laisserait à penser : elle doit être rédigée avec soin afin d’éviter de mettre en danger l’acquéreur (ou le vendeur).
Attention : La mention de la durée de validité de l’offre est essentielle. En effet, bien que l’absence de mention ne peut raisonnablement engager l’acquéreur sur une durée indéfinie, il est d’usage d’émettre une offre courant sur 15 jours. L’offre n’engage l’acquéreur qu’à partir de la réception de celle-ci par le vendeur.
A noter également que l’intermédiaire (l’agent immobilier) est obligé de soumettre l’offre au vendeur.iii) Signature de l’avant-contrat (compromis ou promesse de vente)
Les parties sont d’accord sur le prix et la chose.
L’avant-contrat sert alors à préparer la contrat de vente, en attendant de réunir les documents obligatoires (accord de financement, documents administratifs, etc.). L’avant-contrat peut être rédigé sous seing privé ou par un notaire. Il existe deux formes principales :Compromis de vente, promesse synallagmatique ou vente sous conditions suspensives :
le vendeur s’engage à vendre sous conditions (obtention du financement, par exemple). L’acquéreur se contraint à acquérir si les conditions sont réalisées ;Attention : le compromis de vente permet au vendeur d’être indemnisé par l’acquéreur dans le cas où les conditions sont réalisées mais que celui-ci se rétracte, à travers la “clause pénale“.
Promesse unilatérale de vente (pratiquée par les notaires) :
le vendeur est un promettant qui vend (sous conditions) une option au potentiel acquéreur.
Si les conditions sont réalisées, l’acquéreur est libre d’exercer l’option (acquérir le bien) ou non.
- Dans le cas où les conditions sont réalisées mais que l’acquéreur se rétracte, il s’oblige à indemniser le vendeur (indemnité d’immobilisation).
- Dans le cas où les conditions ne sont pas réalisées, il n’y a pas lieu d’indemniser le vendeur.
L’avant-contrat contient obligatoirement les mentions suivantes :
Identité des parties ;
Désignation du bien ;
Prix de vente ;
Délais de réalisation (durée de validité) ;
Conditions suspensives (financement, préemption, absence d’hypothèque) ;
Liste des documents annexés (diagnostics, règlements de copropriété, etc.).
Le délai de rétractation d’une durée de 10 jours calendaires, au profit de l’acquéreur, doit obligatoirement être respecté. Cela permet à l’acquéreur de réfléchir et de potentiellement renoncer à la vente après la signature de la promesse.
Le délai commence à courir au lendemain de la présentation de la lettre recommandée notifiant la promesse de vente ou de sa remise en main propre.
Versement du dépôt de garantieUn dépôt de garantie, équivalent à 5 à 10 % du prix de vente, est généralement versé par l’acquéreur. Il est conservé sur un compte séquestre détenu par le notaire ou, à défaut, par l’agent immobilier (habilité à recevoir des fonds).
En cas de rétractation dans le délai légal ou de non-réalisation d’une condition suspensive, ce dépôt est intégralement restitué.
Réalisation des conditions suspensives
Les conditions suspensives les plus courantes sont :
L’obtention du crédit immobilier dans un délai prédéfini (30 à 60 jours),
L’absence de préemption par la mairie (DPU),
L’absence de servitude ou d’hypothèque non déclarée.
En cas de non-réalisation dans le délai prévu, le compromis (ou la promesse) devient caduc, sans pénalité pour l’acquéreur.
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Le vendeur est contraint de fournir à l’acquéreur un certain nombre d’informations, dès le contrat préparatoire de vente, le plus souvent attestées par un professionnel (diagnostiqueur, syndic, etc.).
Diagnostics techniques obligatoiresÉtablis par le diagnostiqueur immobilier, ils peuvent constituer des éléments de négociation. Les diagnostics suivants doivent obligatoirement être fournis :
Diagnostic de performance énergétique (DPE) ;
Diagnostic amiante (si le permis de construire est antérieur à juillet 1997) ;
Constat de risque d’exposition au plomb (si l’immeuble a été construit avant 1949) ;
Diagnostic électricité et gaz (si installation datant de plus de 15 ans) ;
Diagnostic termites (si le bien est situé dans une zone à risque) ;
Métrage Loi Carrez (pour les biens en copropriété).
C’est sans doute le document dont la portée juridique est la plus forte. Il garantit la surface du lot “principal” (excluant le parking ou la cave).
Si l’acquéreur découvre d’une inexactitude de 5% ou plus, dans l’année suivant le transfert de propriété, il est en droit d’agir sur réduction proportionnelle du prix (les frais étant exclus) ;État des risques et pollutions (ERP), valable 6 mois.
Attention :
- En présence d’un Immeuble de Grande Hauteur (IGH), d’autres documents peuvent être requis.
- D’autres pièces, telles que l’état-hypothécaire ou le M1 cadastral sont indispensables au notaire, bien qu’inconnues des parties.Documents de copropriété
Pour un bien en copropriété, les documents suivants sont requis :
Dernier règlement de copropriété ;
Dernier procès-verbal d’assemblée générale (il est recommandé de demander les trois derniers PV d’AG, afin d’éviter de mauvaises surprises) ;
Carnet d’entretien de l’immeuble ;
État daté établi par le syndic avant l’acte définitif.
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Préparation par le notaire
Le notaire centralise les éléments juridiques et administratifs :
Vérification du titre de propriété ;
Analyse de la situation hypothécaire ;
Calcul des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) ;
Décompte financier des frais de notaire.
Un projet d’acte est envoyé 15 jours avant la signature. Les fonds doivent être versés au notaire 48 h avant le rendez-vous.
Signature et remise des clésLe jour de la signature :
Le prix est payé au vendeur ;
La propriété est transférée à l’acquéreur ;
Les clés sont remises ;
L’assurance habitation devient obligatoire à compter de ce jour.
Le notaire procède ensuite à la publication au Service de la publicité foncière, rendant la vente opposable aux tiers.
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Avant de s’engager, plusieurs vérifications s’imposent :
Tous les diagnostics sont-ils à jour et conformes ?
Le bien est-il situé en zone de préemption ?
Le règlement de copropriété limite-t-il l’usage du bien (ex : location courte durée) ?
Une hypothèque grève-t-elle le bien ?
Des travaux sont-ils à la charge du nouveau propriétaire ?
L’acquéreur a-t-il obtenu un accord de financement écrit ?
Les charges de copropriété sont-elles maîtrisées ?
L’offre est-elle bien formalisée avant signature de l’avant-contrat ?